Les malentendus de Kaceo

Photo: Benjamin Tosi

Depuis leur premier EP sorti en 2015, Kaceo ne cesse de nous accrocher par ses mélodies entêtantes et ses paroles entêtées. Sur scène, cela fait depuis 2013 qu’on partage leur douce folie et leur révolte délirante. Après le quatre titres « Déchets spéciaux », le quintette genevois a décidé de voir les choses en grand et nous a livré un premier album, « Mal entendus », verni en mars dernier lors du festival Voix de Fête.

Texte: Marie-Sophie Péclard

 

En regardant la pochette du premier album de Kaceo, on entendrait presque Jean-Claude Dusse et son fameux « sur un malentendu, ça peut marcher ». Et on peut dire que depuis 2013, dates de leurs premiers concerts, les événements se sont plutôt bien enchaînés pour Nicolas Vivier (chant), Luis Pisconte (guitare), Quentin Mathieu (basse), Karim Maghraoui (accordéon) et Florian Casarsa (batterie). Plusieurs prix, une presse accueillante, deux EPs, et un public de plus en plus fidèle. Mais leur succès ne serait-il que le résultat d’un énorme malentendu, une obscure conjoncture entre leur gouaille désinvolte, le paysage musical romand et la magie des lutins?

Certainement pas. Mais l’histoire de Kaceo se construit en contrepoints et contre-pieds. Quand on intitule un premier EP « Ne pas jeter »,  le deuxième degré est une latitude sur laquelle on aime bien naviguer. Entre déconne et provocation, le voyage les conduit à une nomination au Concours de l’Eurovision en 2016, avec une chanson qui fustige l’industrie du disque. Chez Kaceo, le malentendu est un art de penser.

Photo: Benjamin Tosi

On ne s’étonnera donc pas que « Mal entendus » commence, avant même la musique, par une onomatopée. Un cri. Et puis, très vite, on retrouve le rythme entraînant d' »Après minuit« , un titre tout en tendresse et dérision. Le disque alterne les ritournelles énergiques, les douces mélodies et les passages mélancoliques, dévoilant ainsi les nombreuses facettes du groupe. Souvent défini entre la chanson française et le rock, les influences de Kaceo sont multiples et infinies, de la guinguette au jazz en passant par des sons plus métal… Les compositions sont généreuses.

On pourrait donc simplement se laisser bercer ou secouer par ces airs efficaces. Ce serait une erreur. En grand amoureux de la chanson dite à textes, Nicolas Vivier a inscrit dans l’ADN du groupe un français ciselé, un ton humoristique, un regard pertinent et des images poétiques. Chaque chanson campe un univers dans lequel les mots se montent comme un film. Les textes explorent les nombreux malentendus que l’on entretient avec ses amis, avec le monde contemporain et avec soi-même. Ils décortiquent les grands maux et petits bobos de notre société, entre crise des médias (« Radio Edit ») et procrastination (« Le futur proche fait marche arrière »). On se réjouit aussi de rencontrer quelques titres ayant déjà fait leurs preuves en concert, comme « La photo de la poche de devant », « Le lutin » ou « Peut-être que je t’ngnm ».

Kaceo s’offre aussi quelques collaborations bien envoyées, comme sur « Ma plume« . La voix malicieusement sensuelle de la jeune Leïla Huissoud s’invite avec délice dans cette conversation entre Nicolas Vivier et sa muse. On croisera aussi au détour des titres Fabian Tharin, Erwan Pinard, Nyna Loren et Roland Le Blévennec.

Aboutissement de quatre ans de scène, « Mal entendus » séduit par la variété de ses couleurs, ses textes souvent décalés mais toujours judicieux et une atmosphère bon enfant terrible. Ne manquent à cet album que les accessoires et déguisements douteux qui égaient les prestations scéniques des joyeux drilles. Heureusement, Kaceo reprend bientôt la route des scènes. Rendez-vous donc dès le 1er juin au Bouffon de la Taverne à Genève, le 2 au festival CastelLIVE à Duillier ou le 3 au Glucose Festival dans le canton de Fribourg pour découvrir leur bel univers.

www.kaceo.net

 

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