Présenté lors du Festival de théâtre aux jardins du Rosey, Le Cid mis en scène par la Compagnie le Grenier de Babouchka a envoûté le public le soir du 8 juin.
Texte: Marie-Sophie Péclard
Si « Le Cid » ne vous a laissé qu’un obscur souvenir adolescent sentant le théâtre poussiéreux, rendez-vous dans le Grenier de Babouchka pour prendre un balai. À coup d’épées chorégraphiés et de pointes d’humour, la compagnie menée par Jean-Philippe Daguerre dynamise la langue de Corneille et illumine les mécanismes de la tragique histoire d’amour entre Chimène et Rodrigue.
Le couple, porté magistralement par Manon Gilbert et Kamel Isker, irradie de jeunesse, d’insouciance et de légèreté malgré les sombres épreuves qu’il traverse, malgré le choix impossible entre l’honneur et l’amour. Jean-Philippe Daguerre a fait le choix de la comédie, augmentant les scènes d’une dimension cartoonesque, à l’image du Roi mi-bouffon mi-sage campé par le Lausannois Alexandre Bonstein. Tous les comédiens sont stupéfiants et c’est cela qui fait le réel intérêt de la pièce. Qu’il est agréable de les voir déguster les alexandrins avec autant de maîtrise, s’amuser avec autant de professionnalisme. Mention spéciale à Charlotte Matzneff qui livre une Infante déchirée par son amour pour Rodrigue, donnant ainsi une nouvelle lumière sur ce personnage délaissé.
Le Grenier de Babouchka fait revivre une histoire qui, malgré son propos daté, nous touche encore par la véracité des sentiments qui animent les deux amoureux.