Volé au coin d’une table à l’entrée de Paléo:
– Tu m’accompagnes voir Francis Cabrel?
– C’est qui Francis Cabrel?
Allons soigner notre chanson française blessée sous la tente du Détour, où les textes ciselés d’Alex Beaupain lui rendent constamment hommage. À l’aise sur scène avec ses quatre musiciens, le chanteur navigue entre vagues de tristesse et ondulations pop-rock, entre émotion et humour. Efficace.
Sur la scène des Arches, une brindille s’avance. La simplicité contrôlée, Marina Kaye s’en vient à la rencontre de son public. À dix-huit ans, la jeune femme qui a conquis les coeurs avec son tube Homeless inonde un parterre déjà plein de ferveur de sa voix chaude et puissante. Et la brindille devient liane.
Mais rapidement, on se dirige vers la Grande scène pour se préparer à l’arrivée de Francis Cabrel. Fans de la première heures, rescapés de la tempête Shakira, famille en pèlerinage, couples d’amoureux langoureux ou simples amoureux des mots: le chanteur fédère un public varié. Entre chansons de son dernier album (In Extremis) et succès mémorables, il dit sa colère sur l’état du monde, ses déceptions politiques et exécute encore de belles variations sur l’amour et ses aspérité. Le chanteur profite d’un interlude espagnol (La Robe et l’ Échelle et la toujours puissante Corrida) pour amorcer quelques déhanchés non sans avoir averti avec humour qu’il va « tenter une légère chorégraphie ». Moment de complicité. Mais Francis Cabrel, c’est aussi des dizaines de tubes enchaînés à nos souvenirs. Et ils sont légion pendant cette heure trente de concert: des Murs de poussière à la guitare acoustique qui inaugure le show à Dame de Haute-Savoie sur laquelle Cabrel finit son rappel, le public peut reprendre des chansons aussi intemporelles que L’encre de tes yeux, Petite Marie ou Je l’aime à mourir. Après quarante ans de carrière, la magie opère. Encore et encore.
Texte: Marie-Sophie Péclard