Sublimes montagnes

L’exposition « Romantisme, mélancolie des pierres », troisième partie d’un cycle consacré aux grands courants picturaux européens, présentée à la Fondation Pierre Arnaud de Lens, prendra bientôt fin le 17 avril prochain. Si vous n’avez pas encore eu l’opportunité de vous y rendre, pressez-vous et, dans un décor particulièrement approprié, laissez-vous immerger dans l’univers de la peinture romantique, et submerger par le sentiment du Sublime.

Le XVIIIème siècle voit s’épandre en Europe une sensibilité nouvelle. Le triomphe de la raison et des grands idéaux humanistes des Lumières laisse alors place à l’expression des sentiments et à la révolte intérieure. Ce n’est plus l’Homme qui est au centre des préoccupations mais bien l’individu, seul face à sa finitude. Suite à ce constat l’esthétique artistique, musicale et littéraire se voit bouleversée. Dès lors, le Sublime se substitue au Beau ; on peut éprouver du plaisir face à la disharmonie, à l’irrégularité, à la laideur, à l’effroi et même à la mort. C’est l’immensité qui fascine, la course du temps qui émeut. Les falaises escarpées, les mers de glace, les ruines, les sombres abîmes, les violentes tempêtes, les gigantesques cathédrales et les hautes cimes enneigées deviennent les sujets de prédilection des peintres romantiques tels que François Diday, Gustave Doré ou Caspar Wolf qui n’hésitent pas à se lancer dans le Grand Tour et à gravir les plus hauts sommets afin de réaliser des croquis qu’ils retravaillent dans leurs ateliers.

Carl Friedrich Lessing (1808-1880), Paysage montagneux : ruines dans une gorge, 1830, © Städel Museum – Artothek

Carl Friedrich Lessing (1808-1880), Paysage montagneux : ruines dans une gorge, 1830, © Städel Museum – Artothek

Ces paysages alpins à couper le souffle, dangereux et magnifiques à la fois, souvent peints sur des toiles démesurées figurent, dans un premier temps, la conquête de la montagne et, dans un second temps, la fragilité de l’individu, son insignifiance dans le vaste monde qui l’entoure. Qu’il s’agisse de roches naturelles ou de monuments construits par l’homme, face au « drame romantique du temps qui passe », la pierre, indestructible et millénaire, renvoie l’humain à sa condition d’être éphémère et le plonge dans la mélancolie.

Une exposition riche en sensations qui vaut le détour et qui promet de vous émouvoir.

Texte: Kelly Lambiel

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