Pour sa 13ème exposition en ses murs, la Fondation Auer Ory pour la photographie à Hermance présente une série de portraits en noir et blanc du personnel d’un restaurant à Honolulu: The Wolfgang’s Steakhouse. Jean-Jacques Dicker, photographe d’origine genevoise parti s’installer à Hawaii en 1951 avec sa famille, est venu exprès depuis Honolulu avec sa femme Yuko pour assister au vernissage. Cela faisait 25 ans que l’artiste n’était pas revenu en Suisse.
L’opportunité est à saisir puisque deux autres expositions du photographe, « Women » et «Afrique », sont également à voir en ville de Genève. Pour l’occasion Yuko a revêtu la tenue traditionnelle japonaise, et Jean-Jacques, appareil autour du cou et chemise de voyageur, se balade en prenant quelques clichés dans la salle d’exposition.
Sur les murs en béton brut de la Fondation se déploie en ligne une galerie de portraits des employés du restaurant où Jean-Jacques travaille 5 jours par semaine quand il réside à Honolulu : The Wolfgang’s Steakhouse, restaurant à la mode d’Honolulu, très animé et prisé en soirée, accueillant une forte proportion de clients japonais, visiteurs de l’île.
Avant son travail de serveur, travail qu’il exerce avec talent grâce à ses nombreuses connaissances linguistiques et son sens du contact, Jean-Jacques se muni d’un appareil photo argentique et d’un trépied, et photographie serveurs, barmen, plongeurs, cuisiniers, hôtesses et managers: tous les corps de métier qui s’activent chaque jour pour faire tourner le restaurant. Mais ici, il n’est en rien question d’effervescence propre au fourmillement d’un restaurant. Les portraits, individuels, sont posés. Chacun des sujets est assis sur une chaise, de rares sont debout et tous regardent l’objectif et se prêtent au jeu du modèle. Les employés ont stoppé leur activité pour poser en toute décontraction et fixité devant l’objectif. Ce qui illustre leur activité est finalement l’habit qu’ils portent ou l’accessoire que certains mettent en avant (menu, couteau, tablier, plateau d’asperges, homard, etc). Le cadrage est large et la position des sujets toujours centrale. Le décor, reflet du quotidien du restaurant (chaises empilées, tables en préparation, rangements des menus et condiments) est simple et neutre. Ainsi chacun des modèles bénéficie du même traitement, ce qui permet de se concentrer davantage sur les visages, attitudes et tenues des personnes. Certains même, comme Darren, troquent la tenue de manager pour celle de serveur et s’habillent alors d’une personnalité différente. Le tout offrant une véritable galerie de portraits sociologiques.
Les portraits sont également accompagnés de quelques vues du quotidien d’Honolulu.
A ce jour Jean-Jacques Dicker a réalisé une soixantaine de portraits et le projet se poursuit. Le restaurant accueille une centaine d’employés qui tournent en permanence ce qui lui permet d’étoffer son travail.
Venez découvrir cette exposition à la Fondation Auer Ory pour la photographie, jusqu’au 10 janvier 2016. Visite sur rendez-vous, entrée libre. Les expositions Women et Afrique sont quant à elles visibles respectivement au Cabinet d’Expertise Témoin jusqu’au 7 décembre 2015 et à l’Espace Fert Barton 7 jusqu’au 15 janvier 2016, Genève.
Texte: Julia Faivre
quelle belle idée de la part de ce photographe que de mettre en avant des gens dans leur milieu de travail et de nous permettre de voir que la beauté d’une situation , d ‘un lieu mais surtout d ‘une personne peut se remarquer dans toute circonstance si on sait s ‘imprégner d une ambiance
et avoir un regard différent
Ce texte nous éclaire très bien sur le choix de ces photos et la photo éclaire
très bien la personnalité enjouée du photographe.