« Ce qui est imaginé aujourd’hui sera prouvé demain »: spectacle d’ouverture, « Münchhausen? » clame avec force le ton de la nouvelle saison du théâtre Am Stram Gram, la quatrième aux commandes de Fabrice Melchiot. En adaptant les miraculeuses péripéties de Karl Friedrich Hieronymus, Baron de Münchhausen, ce dernier ouvre un dialogue vertigineux qui célèbre le pouvoir de l’imagination entre mensonges et vérités, enfance et deuil.
Figure mythique née sous la plume de Rudolph Erich Raspe, le Baron de Münchhausen devient, dans la version de Fabrice Melchiot, un vieillard givré et malade, ressassant ad libitum ses anciennes aventures dans une chambre d’hôpital. Il les raconte à son fils, Moi, qui commence à se lasser des prouesses fantasques de son Baron de père. Münchhausen meurt le jour des trente ans de Moi. Et le jeune homme doit faire face à l’absence de son père. Quoique…
La première partie de la pièce se plonge dans les rapports père-fils. La confrontation entre Münchhausen (Jacques Michel) et Moi (Bastien Semenzato), bien équilibrée, séduit par la drôlerie des dialogues et la tendresse qui émane des acteurs. Puis, avec l’aide de Elle (Mélanie Bauer), du Seul pote (Baptiste Gilliéron) et de l’Inconnu au bataillon (Christian Scheidt), la pièce décolle vers de folles aventures au pays de l’imaginaire et de tous les possibles. Personnage à part entière, le décor a été imaginé par le metteur en scène Joan Mompart: des panneaux modulables et des projections vidéo de Brian Torney qui se plient aux folies de la fine équipe.
Situations rocambolesques, personnages étonnants et chansons entraînantes: l’humour est toujours présent dans cette adaptation de Fabrice Melquiot qui pose également les thèmes essentiels à la construction de soi, le premier étant peut-être de retrouver l’enfance cachée… C’est tout le charme de ce « Münchhausen ? », à découvrir au théâtre Am Stram Gram du 29 septembre au 18 octobre.
Texte: Marie-Sophie Péclard