Composé de sept musiciens et de trois chanteuses, Nolosé s’est produit jeudi soir au D! Club de Lausanne. Attendu par un public désireux de voyager jusqu’à la Havane, le jazz band helvético-sud-américain accueillait pour l’occasion deux musiciens new-yorkais : Hector Martignon et Christos Rafalides.
Nolosé, ce sont trois chanteuses à voix portantes, et sept musiciens — conguero, bassiste, batteur, pianiste, flûtiste, tromboniste et trompettiste. Ce cocktail explosif issu du conservatoire de Lausanne se caractérise par ses rythmes jazzy et sa salsa urbaine. Mais jeudi soir, l’explosion de la Terre promise cubaine n’a pas eu lieu.
Face à un public timide et distant, Nolosé a pu compter sur le renfort de deux grands jazzmen new-yorkais : Hector Martignon au synthé et Christos Rafalides au vibraphone. Pendant plus d’une heure et demie, les deux artistes ont joué et improvisé de façon remarquable, accompagnés par les musiciens et les chanteuses du groupe. Au cours des morceaux, les spectateurs ont approché la scène et entamé des pas de danse épars.
Indissociable du jazz, l’improvisation nous entraîne dans l’imaginaire du musicien qui, dans un accès de spontanéité, laisse parler son instrument. Pourtant, c’est cette valeur ajoutée qui a semblé perturber l’harmonie du groupe. Ce soir là, les envolées successives des musiciens de la Grosse Pomme, entremêlées au tempo latino, ont paru déstabiliser les chanteuses. De fait, elles se sont perdues dans le rythme et les paroles.
Une des chanteuses s’est même adressée au public: « Avez-vous déjà entendu un mélange étrange comme celui-ci ? ». La foule est restée de marbre, alors que le groupe devait s’attendre à une émotion mêlant surprise et délectation. Que s’est-il passé ? « Nolosé », je ne le sais pas. « Y nosotros tampoco », et nous non plus.
La bonne volonté et le potentiel des artistes n’ont pas suffi : le voyage n’a pas été celui pour lequel le public s’était embarqué. En effet, malgré l’enthousiasme des couples sur la piste, les changements incessants de tempo ont rendu chaque pas de danse difficile, à l’exception de deux morceaux, à la fin du concert, qui ont entraîné cavaliers et cavalières sur des rythmes salseros. Ajouté à cela, un jeu de lumière quelque peu agressif et un ingénieur du son souvent excessivement généreux ont contribué à rendre le concert trop peu agréable pour les yeux et les oreilles. Quel dommage !
Texte : Caroline Penzes