Jusqu’au 20 juillet prochain, le musée Rath accueille en son sein l’exposition « Humaniser la guerre ? » à l’occasion des 150 années d’existence du CICR. Une occasion unique de saisir le propre de cette organisation helvète hors du commun qui œuvre depuis un siècle et demi à soulager autant que faire se peut les plaies ouvertes par la guerre, sans ingérence.
L’opportunité offerte par cette exposition est double. D’abord, elle permet au visiteur de se familiariser avec la longue vie d’une organisation internationale de tradition suisse avec tous les aspects que cela représente : pragmatisme, impartialité et neutralité. À travers ses propres transformations historiques, elle permet ensuite d’appréhender l’évolution des perspectives de guerre depuis la deuxième moitié du XIXème à nos jours, des guerres de nations aux guerres civiles. Déclinée en deux étages, dont un sous-sol particulièrement réussi, l’exposition retrace l’histoire du CICR depuis sa fondation, de l’aide aux blessés jusqu’au programme d’aide à l’autonomie alimentaire.
C’est autour de fragments que le visiteur est invité à comprendre cette histoire sourde et muette d’habitude : audios, archives filmées, photographies, rapports, uniformes… Des fragments capturés mais bien réels, arrachés aux flux destructeurs des guerres comme autant de preuves que la compassion a, envers et contre tout, bien pu être là où on ne l’attendait plus. De la Géorgie à Israël, de l’Ouganda au Vietnam en passant par les théâtres d’opérations des deux guerres mondiales, un siècle et demi d’action infatigable pour la dignité humaine s’expose humblement, en fragments.
L’exposition ne surjoue pas sa mise en scène, table sur une rigueur humble (lumière discrète, draperies sobres, textes blancs sur fonds noirs) qui l’honore. Comment rester juste lorsque l’on peut livrer les correspondances d’un prisonnier de guerre à sa famille ? La plus grande réussite d’ « Humaniser la guerre ? » réside dans son point d’interrogation. Fil invisible de ce petit chemin représentant cette grande route, cette question et toutes celles qui en découlent ne trouvent pas de réponse brutale mais laisse le public juger sur pièces, sur ces fragments.
Texte: Nicolas de Neef