Le théâtre de l’Arsenic a fait salle comble lors de la première de « Je suis le vent », une pièce de l’écrivain norvégien Jon Fosse mise en scène par Guillaume Béguin. A l’effervescence palpable de l’assistance contrastait la sobriété d’une scénographie minimaliste.
Dans un décor vide, à l’exception de quelques projections sur les murs-écrans, évolue le dialogue de deux hommes partis en mer. Quelque chose – de grave – s’est produit pour l’un d’eux. Ici, une faible intrigue n’est que prétexte aux sensations. Car, comme l’exprime la circularité d’un texte qui se répète et rebondit sur lui-même, toute tentative de parole est vaine. Le jeu se veut aussi réduit dans ses effets : peu d’échanges entre les deux hommes, des mouvements limités, une diction lente et sobre qui permet de beaux silences bien maîtrisés. Les deux acteurs (Jean-François Michelet et Matteo Zimmermann) très investis, réussissent à s’approprier leur personnage et à rendre de véritables moments d’émotion, notamment la scène du repas.
Les effets de fumée, semblables aux mouvements de l’onde, sont particulièrement esthétiques et évocateurs. Mais à l’image de cette vapeur, la pièce ne prend pas véritablement corps.
« Je suis le vent » de Jon Fosse. Mise en scène Guillaume Béguin – Cie de nuit comme de jour. Au Théâtre Arsenic à Lausanne, jusqu’au 19 janvier. Au Théâtre du Loup de Genève,du 23 janvier au 2 février.
Texte: Marie-Sophie Péclard Photo: Steeve Iuncker