Un dragon, une jeune fille, un chevalier… Puisant dans nos mythes traditionnels pour mieux démonter nos mythes contemporains, L’Opéra du Dragon saura vous convaincre qu’un spectacle de marionnettes, ce n’est pas seulement pour les enfants.
Ce conte, aux résonances politiques, fait le procès d’une société totalitaire et despote, incarnée par un Dragon aussi bienfaisant que sanguinaire. Des masques aveugles dénoncent la passivité d’une société oppressée et heureuse de l’être. Le chevalier Lancelot parviendra-t-il à sauver le peuple de son oppresseur… et de lui-même ?
Etablissant le parallèle avec les contradictions de la démocratie et du monde libéral, ce message puissant n’en est pas moins connu et convenu. Il échappe heureusement à la (dé)moralisation par une mise en scène qui favorise l’humour et l’ironie. L’Opéra du Dragon est techniquement très impressionnant. Trois acteurs- marionnettistes manient devant nos yeux ces silhouettes désarticulées masquées par un tissu noir. Une récitante interprète pas loin d’une vingtaine de voix. Un musicien compose sa musique au fil des scènes. Une performance mêlant mouvement, son, lumière, image : des effets qui sont tous fabriqués sur scène, au vu et au su du public. Renonçant à l’illusion, le théâtre devient alors une dénonciation de toute manipulation des idées et des croyances.
Entre gravité et dérision, L’Opéra du Dragon est une belle aventure visuelle. A découvrir au Théâtre de Marionnettes de Genève, jusqu’au 26 mai. www.marionnettes.ch
Texte : Marie-Sophie Péclard