Enfances volées – regards & témoignages d’enfants placés

L’exposition itinérante a pris ses quartiers samedi dernier à Saint-Gervais Genève Le Théâtre, tout près de la place Cornavin, pour trois mois riches en émotions. Car c’est bien d’émotions qu’il s’agit lorsqu’on traverse les deux étages austères consacrés  à l’enfance oubliée. Le visiteur y ressent la tristesse, l’incompréhension et un brin d’espoir désabusé de ces jeunes « orphelins », trop longtemps ignorés.

Paul Senn. Garçons au travail, établissement de Sonnenberg, Kriens, 1944

Paul Senn. Garçons au travail, établissement de Sonnenberg, Kriens, 1944

L’exposition se veut didactique, abordable, en évitant tout sentimentalisme: pari réussi. Dans un décor scolaire (tableaux sur pieds, pupitres, stickers rappelant le jeu de la marelle), on découvre le destin de ces milliers d’enfants arrachés à leur famille, placés en orphelinat ou vendus comme de la marchandise aux paysans. Si les bonnes mœurs étaient un prétexte courant pour créer cette main-d’œuvre bon marché – une mère célibataire, une famille trop nombreuse sont des raisons suffisantes pour arracher les enfants à leur famille -, les conditions dans lesquelles ces enfants grandissent représente la partie la plus sombre de l’histoire.

Deux cas de figures ressortent. Les plus chanceux vont  à l’école et reçoivent la visite de leur famille – s’ils en ont une – un dimanche par mois, à condition d’obtenir de bons résultats scolaires. Les notes satisfaisantes peuvent être également directement liées à l’obéissance sexuelle des enfants aux instituteurs ou surveillants concernés.

Les autres sont employés à la ferme, travaillent dix heures par jour, mangent et logent à l’étable. Souvent frappés, parfois abusés, ces esclaves n’ont aucun droit, ni celui à la parole, encore moins celui de connaître leurs origines.

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Les témoignages audio (nombre de ces rescapés de la vie n’ont jamais appris à écrire) sont déchirants de simplicité. On réalise alors que ces gens font partie de notre entourage, en Suisse. L’impensable a bel et bien existé, dans l’ignorance autrefois, dans l’oubli aujourd’hui.

Une exposition indispensable sur le passé d’un pays que l’on croit souvent épargné, à tort, de telles abominations. À découvrir, seul ou en famille, jusqu’au 7 juillet.

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